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Corinne JOURDAIN GROS - Reprise d’une manufacture de grès et poterie

N° fiche : 2262 - Dernière mise à jour : 2016-07-21
Artisanat, métiers d'art

Résumé

Corinne Jourdain-Gros a repris une manufacture de grès fondée en 1875.

Portrait

Corinne Jourdain-Gros a exercé la fonction de directrice de clientèle chez Publicis pendant une vingtaine d’années. Elle gérait la stratégie de marque des budgets grands comptes et évoluait dans l’univers de la mode et de la beauté, mais aussi de l’industrie. Souhaitant se reconvertir professionnellement, elle a décidé de reprendre ses études et de préparer un MBA à l’Institut français de la Mode à Paris, en parallèle de son emploi, dont elle démissionne finalement pour se concentrer sur son objectif. Son mémoire de fin d’études s’intitule : Les Manufactures françaises de l’art de vivre et leur savoir-faire. De ce cheminement naît le désir de reprendre une entreprise, et plus particulièrement une manufacture.

Corinne Jourdain-Gros parle de son projet autour d’elle et rencontre, en 2012, l’ancien exploitant de la Manufacture de Digoin, qui était à la retraite et souhaitait transmettre son savoir-faire. L’entreprise sortait d’une procédure de redressement judiciaire, mais sa situation économique demeurait chaotique.

Dès la première visite, Corinne Jourdain-Gros perçoit où elle pourrait emmener cette entreprise et quelle stratégie élaborer pour la redynamiser. Elle peaufine son business plan et fait réaliser un audit. Avec le fonds de commerce, elle allait aussi racheter un portefeuille de clients. Elle les contacte donc un à un pour les rallier à sa cause. Sa détermination, sa confiance dans son projet, la fidélité et l’adhésion des clients historiques ont été déterminantes pour rassurer les banques, un peu frileuses en cas de reprise après liquidation.

Il fallait impérativement réunir un capital conséquent et trouver des investisseurs patients qui donneraient une chance à cette entreprise de reprendre vie. Corinne Jourdain-Gros constitue une SAS (société par actions simplifiée), dont elle est présidente et qui est formée de onze associés (chefs d’entreprises de son réseau ou amis d’amis).

Et c’est forte de tous ces éléments qu’elle se présente à la barre du tribunal de commerce pour exposer son offre de reprise, qui est retenue parmi plusieurs autres. Son projet est de pérenniser le savoir-faire de la Manufacture tout en lui donnant un souffle nouveau. La société s’engage à rembaucher dix anciens salariés et bénéficie d’une aide locale à l’embauche, dans le cadre d’une convention de revitalisation du bassin digoinnais.

L’activité reprend le 1er septembre 2014, l’effectif compte aujourd’hui quinze salariés.

L’établissement, structure semi-industrielle et semi-artisanale, fabrique depuis 1875 des contenants en grès et des poteries pour l’univers alimentaire et horticole. Après l’invasion du marché par le verre et le plastique, on revient aujourd’hui aux produits traditionnels et on reconnaît les qualités qu’offre le grès (notamment en matière de conservation). La Manufacture, avec une image modernisée, vise une clientèle haut de gamme (détaillants, grands magasins…) et souhaite développer à l’export le savoir-faire français très apprécié à l’étranger.

Partenariats

Un cabinet d’avocats et BGE ont fait partie des conseillers qui sont intervenus lors du montage du projet.

Résultats

L’objectif pour 2016 est d’atteindre le point d’équilibre. En septembre 2015, la société a présenté, au Salon Maison et Objets, sa toute première collection orientée autour de produits traditionnels revisités (nouveaux émaux, nouvelles finitions…). Les retours ont été très positifs. La présidente foisonne de projets : tourisme industriel, boutique d’usine... Et sur le long terme, elle planifie la création d’un pôle de recherche et de développement et d’une résidence d’artistes afin de croiser des compétences techniques et artistiques, d’ouvrir d’autres champs d’application et de toujours moderniser l’image de la Manufacture. 

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